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La vénus D ' Armand

L’œuvre contemporaine que j’ai choisie est la Vénus de Milo détournée par l’artiste franco-américain Arman. Né en 1928 à Nice et mort en 2005 à New York , Arman est un artiste plasticien majeur du 20 -ème siècle,  influencé par le dadaïsme , membre du Nouveau Réalisme  et artisan du Pop Art. Dans sa démarche, Arman souligne les pratiques sociales liées à la consommation et force son « spectateur » à s’interroger sur la place de l’impact de la pollution et de la production de masse d’une société toujours de plus en plus « gourmande » et «égoïste ». Il est notamment connu pour ses accumulations dont  « La Vénus des arts » exposés Place Jacques Callot, à Paris en 1992 est un exemple frappant.

Vénus: Project

Quelles peuvent être les intentions du sculpteur dans cette représentation insolite, voire ironique de Vénus ? 
En premier lieu, Arman interroge l’idée esthétique de la représentation de la beauté et nous oblige à une modification de nos codes de représentation. Le visage « sublime » de la déesse est « décomposé » et « recomposé » au moyen de plusieurs visages.  Un clin d’œil est lancé vers Man Ray et Ingres dans l’assimilation du corps féminin à un violoncelle. Qui plus est, en convoquant un visage béninois, Arman souligne combien la beauté est universelle et combien les canons antiques peuvent être amendés, enrichis par la mixité. Les différents points de vue de la sculpture peuvent être autant d’exemples de nos approches amoureuses et le passant « spectateur » découvre de multiples facettes d’un sentiment complexe.
D’autre part, le sculpteur interroge notre rapport au réel : si l’Aphrodite grecque vise à reproduire le réel tout en le sublimant, la Vénus d’Arman décompose le corps, le recompose d’objets inhabituels pour nous obliger à penser la représentation contemporaine d’une idée « philosophique ».
Enfin, en installant sa Vénus en cœur de ville, en acceptant les interventions « sauvages » des passants tels les tags ou les attitudes irrespectueuses des conducteurs de motos qui s’appuient sur le socle, Arman interroge nos pratiques quotidiennes dans notre rapport à l’art. Visiblement la sculpture gêne, elle n’est pas à sa place… à moins qu’elle ne soit là, à « juger » ce désordre et ce changement de paradigmes, du haut de son socle.
Plus de deux mille années séparent le geste du sculpteur qui vise à incarner un sentiment universel et atemporel dans un matériau pérenne. Là où le sculpteur grec vise à sublimer la matière,  le sculpteur du 20 -ème siècle propose une approche « ironique » et nous oblige à nous questionner sur la place de ce sentiment dans une société où les images sont découpées, recomposées, travaillées, factices en somme. Œuvre prémonitoire, la Vénus d’Arman est à découvrir au cœur de Paris, sans rendez-vous ni distanciation sociale ….

Vénus: Texte
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